mardi 23 septembre 2014

De Bukhara a Tashkent en passant par Samarcande


Passes en Ouzbekistan, le desert continue: si on l’oublie dans les villages, le sable reapparait des que nous en sortons. Le terrain est plat et nous avancons a bonne allure, malgre des portions de routes dans un etat epouvantable. Au fil de notre progression, nous decouvrons un pays beaucoup moins riche que l’Iran. La modestie des moyens se ressent notamment sur les transports. Trois types de vehicules motorises se rencontrent: le camion russe bleu hors d'age pour les marchandises et travaux, la Chevrolet Nexia blanche pour les plus favorises et pour les autres les taxis collectifs, de minuscules monospaces Daewoo/Chevrolet (1) prevus pour 6 places mais en pratique charges bien au dela. Nous croisons egalement bon nombre de charettes (foin, coton, pasteques) tirees par un ane. Enfin beaucoup de velos monovitesse, au cadre plusieurs fois re-soude portant souvent deux parfois trois personnes.

Si les conducteurs iraniens nous avaient parus deplorables, l'Ouzbekistan se place dans une categorie superieure. Comme en Iran, la conduite est uniquement reactive, les retroviseurs et clignotants etant supplantes par le klaxon. Mais les queues de poisson et les arrets brutaux au milieu de la route (pour prendre des passagers, tout le monde etant taxi), deviennent ici un sport national. Le fait que les chauffeurs consomment en outre de la vodka des le petit dejeuner (2) n'arrange pas les choses et nous fait regretter la prohibition iranienne.
Une des innombrables charettes croisees ou doublees: le tandem est decidement plus rapide qu'un ane mais n'en egalera pas le confort!
Rencontre inattendue avec un autochtone.

1 dollard =30 000 Sums, qui sont souvent distribues en billets de 1000.Il faut donc s'habituer a manipuler des liasses.
La route que nous empruntons depuis le Turkmenistan est quasiment la seule possible pour traverser l'Ouzbekistan. Nous commencons a rencontrer d'autres cyclovoyageurs, dont Yoshi, ce japonais roulant sur un petit velo pliant surcharge. On pourrait a premiere vue douter qu'il puisse tenir plus de 15 jours de la sorte, il a pourtant ainsi traverse en 6 ans l'Amerique et l'Afrique et l'Europe du nord au sud et s'apprete a rejoindre son pays en 2 ans... Notre petite escapade parait bien modeste a cote de ce voyageur aguerri.

Yoshi, cyclovoyageur japonais sur les routes depuis 6 ans.

Tous les jours a 11h nous nous arretons sur le bord de la route pour la pause pasteque (30 centimes piece!)
Musiciens traditionnels pour un mariage. Les deux trompes dont sortent peniblement deux notes couvrent totalement le reste...
Au bout de 150 km nous entrons dans Bukhara (Buxoro sur les panneaux), la ville aux 100 madrassas dans laquelle nous passons deux nuits. Nos premieres discussions avec les habitants sont deroutantes: cette region de l'Ouzbekistan est peuplee de Tadjiks qui parlent tantot leur langue proche du farsi, tantot russe et tres peu ouzbeque. Ils arrivent meme a melanger les trois au sein d'une meme phrase. Nos premieres tentatives d'utilisation du turc se heurtent a l'utilisation systematique du russe avec les etrangers. Nous apprenons alors assez vite a commencer nos echanges par "Paruski niet!".

L'imposante forteresse de Boukhara
Une des innombrables madrassas (ecoles) de Boukhara
Madrassa du Registan de Samarcande.
Les 310 km qui separent Boukhara de Samarcande sont expedies en trois jours. Suite aux deceptions eprouvees lors des visites des villes iraniennes de Shiraz et Isfahan, nous restons prudents quant a nos attentes vis a vis de Samarcande. Le choc n'en est que plus grand quand nous decouvrons les differents monuments qui emergent de la ville. Les batiments de style seldjuk (3) ont bien evolue depuis la Turquie: la couverture des domes avec de la ceramique coloree en iran etait deja impressionante, mais l'addition des cannelures ajoute une grace incomparable. C'est de loin ce que nous avons vu de plus beau jusqu'a present!


Dans le bazard bouillonnant de Samarcande, les liasses de sums passent de main en main.
La mosquee Bibi Khanim (XVeme s. ) de Samardance offerte a Tamerlan par sa femme. Oh la belle surprise.
Devant le Registan de Samarcande avec un tandem allege.

 Parvenus a une centaine de km de Tashkent, alors que nous demandons dans le marche d'un village ou nous pouvons planter la tente pour la nuit, la formidable hospitalite de l'Asie Centrale se met en branle. Un des vendeurs plie son etal et nous invite a suivre son velo. Apres quelques kilometres de piste, nous arrivons dans un petit village ou les gens considerent heberlues notre equipage. Evacuant d'emblee la solution de la tente, Hotkir nous recevra dans sa famille avec la deference et l'attention que l'on accorde ici a l'invite a qui reviennent la meilleure place et les meilleurs morceaux du repas. Nous degusterons un delicieux plat compose d'un rouleau garni de pate ferme en anneau et cuit a la vapeur. Nous deplorerons seulement l'absence de sa femme et des plus jeunes enfants qui mangeront en cuisine. Si la femme dans le couple semble effacee, la femme agee semblent en revanche jouir d'une autorite particuliere: le lendemain, c'est la vieille voisine qui realisera avec aplomb la priere benediction de notre voyage et lancera le depart.


Le fils d'une vendeuse de pasteque qui semble aprecier la notre.
Le ravioli geant cuit a la vapeur, servi avec yaourt... evidemment.
Photo de famille apres une bonne nuit a la ferme et un lever de bonne heure.



(1) Tous les ouzbeques nous annoncent fierement que les chevrolets/daewoo omnipresentes sont fabriquees ici.

(2) Lors de notre premier petit dejeuner, la serveuse equarquille les.yeux quand nous commandons quelque chose de sucre (tatle). "Comment, du sucre a 9h du matin? Vous ne preferez pas des brochettes et de la vodka?" Nos voisins, qui sentent deja pas mal l'alcool, nous en proposerons une rasade tout en expliquant qu'ils sont chauffeurs de poids lourd...

(3) Le grand portail carre (Iwan) caracteristique perce d'un dome ouvrage et les coupoles se retrouvent depuis la Turquie.

2 commentaires:

  1. Il te faut de grands porte monnaies pour tout cet argent!!!!!!!!!!!;-)

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  2. Ha le retour de l'hospitalité, ça doit vous faire du bien! Ca me manquait depuis la turquie. Puis la consommation d'alcool décomplexé dès 9h du matin, quel beau pays!!
    Bises et bon vent
    PS : va vous falloir faire une grosse action pour rattraper votre bilan carbone mis à mal par tout le mouton que vous avez bouffé en Iran..

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